Webinaire du 9 décembre 2020
Première partie
Orianne Broussard, de Citeo, l'éco-organisme en charge des emballages ménagers, a rappelé que les opérateurs industriels recyclent et valorisent toujours plus de matériaux, par exemple 70 % des emballages toutes matières confondues. Seuls 51 % des Français trient systématiquement leurs emballages. Aujourd'hui, les seules filières de recyclage des plastiques concernent les bouteilles, flacons et barquettes en PET* sans opercule, PE, PP et les emballages souples en PE. Les emballages souples en PP, PET et les rigides en polystyrène pourraient avoir une filière à terme. Mais tous les autres emballages souples ou rigides, par exemple en PLA, ne disposent d'aucun projet de filière pour 2025. La réglementation prévoit que la France devra composter tous les déchets de cuisine avant 2024 mais cela ne concerne pas forcément les emballages compostables. La gestion des biodéchets devrait reposer sur un mix méthanisation / compostage industriel / compostage à domicile.
* PE : polyéthylène ; PET : poyéthylène téréphtalate ; PP : polypropylène ; PLA : acide polylactique
Nicolas Pont, directeur de l'écoconception et du recyclage chez Veolia, a rappelé les différences entre les plastiques biosourcés et les plastiques compostables : ils peuvent être biosourcés et non compostables comme le PE biosourcé, et 57 % des plastiques bisourcés sont dans ce cas de figure. Ils peuvent être pétrosourcés et compostables tels les PBAT (polybutylène adipate co-téréphtalate). Les principales préconisations de Veolia sont de limiter le nombre de plastiques compostables mis sur le marché, de ne pas substituer les plastiques qui sont recyclés par des plastiques compostables et de faire évoluer les consignes de tri afin d'autoriser les consommateurs à mettre certains plastiques compostables dans la poubelle jaune de tri.
Philippe Reteunauer, Responsable de projets emballages écologiques chez Léa Nature, a insisté sur le faible taux de recyclage des emballages plastiques souples, environ 5%. Les tubes dentifrices par exemple, ne sont quasiment pas recyclés. Léa Nature a mis en place des actions de suppression, de réduction ou de substitution du plastique fossile dans les secteurs alimentaires, santé et diététique, par exemple en développant des films protecteurs d'infusions compostables ou des substituts en PET recyclé et en d'autres matériaux recyclables. Les plastiques compostables ont une place en combinaison avec le vrac et pour les emballages souillés.
Jean-Pierre Rakoutz, directeur commercial de TIPA France, a présenté l'approche de sa société sur les emballages souples biodégradables en compostage domestique ou industriel. Il s'agit de proposer des emballages souples en partie biosourcés qui pourront se substituer aux plastiques n'ayant pas de solution ou de filière de recyclage. En effet, ces emballages ont les mêmes propriétés que les plastiques conventionnels tout en étant entièrement compostables, y compris leurs additifs. Leurs applications sont multiples mais concernent essentiellement le secteur alimentaire. Il y a donc complémentarité entre recyclage et compostage à condition d'avoir un cadre réglementaire permettant le bon fonctionnement de la filière de compostage.
Discussion
Deuxième partie
Christophe Doukhi - de Boissoudy, directeur de Novamont France et président du Club Bioplastiques, a présenté les principales biosources des plastiques compostables, comme l'amidon, les sucres, l'huile de tournesol ou de chardon. Il faut distinguer biodégradabilité, mécanisme naturel de décomposition engendré par les microrganismes du sol, et compostage, processus de biodégradation de produits qui demande des conditions adaptées de traitement et qui a un objectif : le retour au sol de la matière organique. Les plastiques compostables sont un allié du recyclage des plastiques car ils ont un intérêt pour des applications ciblées, et particulièrement lorsque le recyclage des plastiques conventionnels est difficile pour des raisons techniques, économiques ou environnementales.
Michel Knoerr, élu et représentant du réseau Compostplus, a indiqué qu'il faut s'assurer que les emballages et les produits compostables ne deviennent pas des perturbateurs de la filière biodéchets. Il faut proposer un matériel de pré-collecte adapté, tel le bio-seau ajouré et les sacs compostables pour la collecte des déchets organiques. La multiplication des bioplastiques (vaisselle jetable, capsules de café, barquettes de cantine, etc.) peut perturber la valorisation organique si le dispositif de collecte n'est pas optimisé, avec un risque important de réduire la qualité des composts. Les élus ne sont malheureusement pas les plus enclins à développer le compostage dans leurs communes.
Jean-Jacques Legat, a présenté les objectifs de Polymeris, un nouveau pôle de compétitivité pour la transition numérique et écologique issu de la fusion de Plastipolis et d'Elastopôle. Polymeris soutient le développement de projets collaboratifs axés sur deux domaines d'actions stratégiques, l’industrie du futur et l’économie circulaire. Le domaine économie circulaire s'intéresse aux matériaux (charges et additifs, matériaux biosourcés, composites durables...), aux procédés (recyclage chimique et mécanique, éco-efficience...) et aux produits fonctionnalisés (écoconception et ACV, identification et traçabilité...). Par exemple le projet européen CitrusPack vise à intégrer les fibres de pelures d'agrumes dans des plastiques compostables utilisables pour produire des bouteilles de jus de fruits ou des flacons de cosmétiques.
Sandra Domenek, enseignante-chercheuse à AgroParisTech dans l'UMR SayFood, Ingénierie des aliments et bioproduits (Saclay Institute of Food and Bioproducts Engineering), a rappelé que les propriétés clés des emballages alimentaires sont la sécurité des consommateurs, l'appport de fonctionnalités et la protection des aliments, garante de leur durée de vie. La recherche sur l'écoconception des emballages se positionne sur l'ensemble de leur cycle de vie pour étudier la migration éventuelle de substances vers les aliments depuis les emballages, formuler de nouveaux polymères et des procédés multicouches et pour contribuer aux échanges entre filières industrielles, en prenant en compte les consommateurs.
Discussion