Suspension. Telle a été l’expérience du confinement. Très concrète pour ceux qui sont « allés au front », les soignants, les malades, les personnels d’entretien, de maintenance et de distribution des marchandises. Presque irréelle pour ceux qui se sont « échappés » à la campagne, ceux qui ont été mis au chômage technique, ou qui travaillaient à distance, ou encore les plus âgés reclus dans leurs EHPAD. On nous a parlé d’un effort de guerre « quoiqu’il en coûte » en mobilisant les experts scientifiques de tout crin, jamais d’accord, mais unanimes sur les risques à venir.
Et puis ce 29 mai, le Président français nomme un conseil d’experts économistes. Comme si la réalité à considérer désormais devait s’arrimer à de nouveaux radars. Changement de casting à la manoeuvre. Bascule des pouvoirs. Comme si nos vies étaient un théâtre soumis aux jeux d’apparence. On finit par se demander quelle capacité a aujourd’hui le politique à assumer un monde bien réel, unique, continu et contraint dans le temps et l’espace. Un monde où tout se tient ensemble...
L’économie n’est pas un moment à part. Elle ne peut pas être non plus, un monde à part qui soudain reprend les rênes de notre quotidien. La Covid-19 a permis à beaucoup de ralentir, de lever le nez des obligations, de découvrir des envies de vivre autrement. D’ailleurs certains veulent travailler moins ou ne veulent plus inféoder leurs modes de vie à leurs métiers. On entend un élan pour éloigner l’emprise économique sur nos existences.
En fait, la suspension n’a jamais vraiment existé. Ce sont 2 milliards d’euros que notre économie a perdu chaque jour depuis l’arrêt du système de production en France. Il n’y a pas d’un côté la santé, de l’autre l’économie. Encore moins quand percole la crise climatique. Quand la menace sourd, des gestes, des instruments, des métiers deviennent vitaux, indispensables, richesses premières.
Avec le choc de la Covid, s’est produite une sorte de réajustement, une sensibilisation à ce qui compte, loin de l’économisation que Bruno Latour qualifie de formatage. "L’habitude a été prise de dire que les disciplines économiques performent la chose qu’elles étudient - l’expression est empruntée à la linguistique pour désigner toutes les expressions qui réalisent ce qu’elles disent par l’acte même de le dire - promesses, menaces ou acte légal". La réalité qui a sauté aux yeux c’est que les producteurs de richesse ne sont pas les capitalistes ou les travailleurs mais bien plutôt les vivants. C’est exactement ce qu’affirmaient les Physiocrates du XVIIIe siècle avec leur chef de file le médecin François Quesnay qui soulignait l’origine naturelle de la production
"C’est très bien de produire mais encore faut-il subsister !" pourrait être le mot d’ordre au sortir du confinement. "Pas plus qu’on ne peut continuer de ‘faire la guerre au virus en ignorant la multitude des relations de coexistence avec eux, pas plus on ne peut continuer "à produire"en ignorant les relations de subsistance qui rendent possible toute production, insiste encore Bruno Latour. Voilà la leçon durable de la pandémie".
Avec les GERMINATIONS que nous organisons les 24 & 25 septembre prochain, il s’agit bien de sortir de notre dormance pour nous SYNCHRONISER. "La relance implique d’explorer de nouvelles manières de produire de la valeur", nous explique Fabrice Bonnifet, président du Collège des directeurs du développement durable (C3D), partenaire de l’événement. Ce dernier – qui interviendra au sein de la table-ronde "Quels modèles contributifs et régénératifs pour les entreprises" le 25 septembre - pense qu’il est temps de "chasser en meute pour faire pression sur les acteurs de bonne volonté et accélérer les bascules". C’est une affaire de sincérité et de resynchronisation avec la biosphère, estime-t-il.
Pour Hélène Leriche, responsable biodiversité chez OREE qui participe aussi aux GERMINATIONS, c’est une reconversion écologique qu’il faut mettre en chantier en mobilisant des coalitions larges et vigoureuses. Elle animera l’atelier "Comment mesurer les biens communs ?" le 24 septembre au sein de la session Nouvelles comptabilités pour le vivant.
Les GERMINATIONS des 24 & 25 septembre 2020, ce sont 60 intervenants qui viennent partager avec vous quatre horizons pour demain :
- la redirection écologique,
- la transition comptable,
- les nouveaux modèles d’entreprises contributives,
- l’émergence d’une civilisation du soin et de la relation.
- la transition comptable,
- les nouveaux modèles d’entreprises contributives,
- l’émergence d’une civilisation du soin et de la relation.
Les GERMINATIONS co-organisées avec MATRICE associent une dizaine de partenaires : Entrepreneurs d'avenir, le Collège des directeurs développement durable (C3D), OREE, CEEBIOS, AgroParisTech, le Mouvement de l'agriculture du vivant, Strate Ecole de Design, La Bascule, Open Lande et ENGAGE.
Elles se déroulent sous le haut patronage du ministère de l’agriculture et de l’alimentation et le ministère de la transition écologique et solidaire, avec le soutien de Novamont.